VOYAGER AVEC BEBE : REVE OU CHALLENGE?

par Hiel

Été 2017. Je suis enceinte de 7 mois. J’ai deux mois, sûrement moins, même, pour me préparer à l’arrivée de ce bébé. Ce p’tit mec va bouleverser nos vies, notre organisation qui commençait à se parfaire depuis notre départ. Il va remettre, du haut de ses quelques centimètres, tout à plat, que ce soit dans notre voyage ou même dans notre famille. Chacun devra trouver sa place à nouveau.

Retour en 2015. Cette petite Zoé nous a lâchement abandonnée. Elle était encore petite, trop j’imagine, pour se battre. 2 mois de vie in-utero, ça pèse pas bien lourd.

Mais déjà, je l’imaginais, c’était une fille, j’en étais sûre. En tout cas, je voulais m’en persuader. Ce serait une petite minette qui compléterait notre photo de famille. Avec Christophe, on s’est toujours dit qu’il manquait une petite tête sur nos photos, entre nos 4 sourires.
Nous avions ma soeur chez nous, dans notre maison bretonne. Il faisait beau, début de l’été. Les enfants s’amusaient dehors. Puis, ce fut l’heure de la sieste : tout le monde au repos. Je suis allée aux toilettes et là, panique à bord, je perdais du sang. Sans hésiter, je réveillais Christophe, les enfants dormaient encore, ma soeur les garderait. Nous nous sommes rendus à l’hôpital de Dinan. Je connaissais le verdict, pour l’avoir déjà vécu deux fois. Ca n’annonçait rien de bon. J’avais perdu l’embryon

Cette petite Zoé que j’avais déjà construite dans mes projections, s’était volatilisée comme lors d’un réveil où l’on se rend compte que ces minutes magiques n’étaient que rêve.

De cette déception est né un nouveau projet. Puisque nous ne serions pas 5, puisque décidément, la vie voulait que nous restions figés à 4 sur nos photos, nous allions recréer autre chose.

Notre envie de voyage en famille allait naître là, cet été 2015.
En quelques mois, cette simple idée se coucha sur papier, ce projet prit forme, ligne après ligne. Quand, comment, combien de temps? Toutes ces questions allaient trouver réponse, au fil des semaines. Et un an après, nous partions, direction le Portugal.

Le voyage à 4, une de nos photos au Portugal – MAFRA-
Au fil des mois, nous trouvions nos marques, établissions de nouveaux repères à 4. Cette vie sans horaire, sans contrainte, au gré de nos envies, de nos besoins respectifs, nous la construisions ensemble.

Février 2017. Quelle ne fut pas ma surprise de constater un retard de règles…D’habitude, à un jour près, je sais qu’elles débarquent. Je ne m’emballais pas, j’attendis quelques jours encore.

“C’est pas possible, pas maintenant que nous sommes partis”… Ce test de grossesse, entre mes mains, je le savais, serait positif.

Je connaissais mon corps. Je connaissais mes symptômes identiques d’une grossesse à une autre. Cette envie de vomir qui se dessinait jour après jour, ce dégoût des parfums, j’étais enceinte…Et ce test confirmait juste mes sensations.
Je savais qu’une autre fausse couche pourrait arriver, donc on laissa le temps faire les choses. Je stoppais mon cerveau pour qu’il n’anticipe aucune joie, aucune vision d’avenir avec un bébé…Les jours passèrent néanmoins. Lentement, mais ils passèrent.

Jusqu’à cette première échographie, celle qui rassure, celle qui ouvre la porte à une vision à 5, celle qui débute une nouvelle vie, avec tous les espoirs et les changements que cela comporte…On l’aura ce dernier bébé, on l’aura !
La grossesse se poursuivit.
J’adore être enceinte. Toutes les phases me plaisent: les premiers mois, quand on voit le petit bidon se former, quand la fatigue et les nausées me rappellent qu’un petit être est en formation. Le deuxième trimestre, quand l’énergie revient, quand on sent les premiers petits coups d’un bébé en devenir, quand le ventre s’arrondit à ne plus pouvoir le cacher (quoique je n’ai jamais essayé ). Et les derniers mois, quand la lourdeur du ventre s’impose à chaque pas, quand bébé communique avec moi, à mes caresses ou à ma voix. Quand on attend la date ultime de la rencontre avec cet être qui est un peu de nous deux, de nous 4 même.

Nous l’attendons, le devinons, le suggérons, lui faisons une place entre nous 4, au milieu de nos sourires.

Mais que va-t-il changer à notre voyage ?
Est-ce si dur de voyager avec un nourrisson? Que va-t-il apporter à notre famille de plus? Ce rêve que nous vivons depuis un an sera-t-il modifié? Je ne sais pas encore si ce sera plus dur, mais forcément, je sais que ce bébé va tout changer.

D’un point de vue matériel autant que d’un point de vue familial. Nous voyagerons différemment.
La voiture, déjà, sera tout de suite moins spacieuse qu’elle pouvait l’être pour nos deux grands. L’espace sera partagé, et un bébé a beau être petit, il nécessite malgré tout du matériel dont nous n’avions pas besoin à 4. Pas énormément, car nous pourrons nous débrouiller avec très peu de choses, mais il faut le prendre en compte. Un siège auto adapté, déjà, prendra un siège de la banquette arrière. Pas de poussette bien sûr, portage. Pas de biberon puisque je veux l’allaiter comme Léna et Lissandre. Mais il lui faudra des habits aussi, des couches et de quoi le langer (plaid). Peut-être même emmènerons-nous un petit lit nomade, au cas où nos lits dans nos futures locations ne nous permettent pas d’y dormir à 3. Sûrement aussi choisirons-nous une petite piscine gonflable pour donner des bains. Nous ne nous encombrerons pas de jouet, nous comptons beaucoup sur nos deux grands pour faire le spectacle et des tournées de bisous au moindre ennui.

Notre organisation sera également chamboulée. On le sait, un bébé, bien qu’il ne nous empêchera pas de faire de belles découvertes, nécessite de respecter son rythme.

Les têtées à la demande, ses besoins d’attention particulière sauront nous faire ralentir ou modifier nos visites et excursions. Le plus difficile sera de continuer à travailler avec ce bébé qui nous demandera temps et énergie, et nos deux grands qui, eux, auront besoin d’activités. Nous ferons différemment, et ce n’est pas bien grave.
C’est donc un rêve qui se réalisera, si bébé est en bonne santé et moi aussi, mais c’est aussi pour nous un vrai challenge.

Enfin, ce bout de chou va chambouler ce qu’on a construit depuis quelques années et c’est me concernant mes plus grands questionnements: il va modifier la place que chacun a acquis. La nôtre en tant que parent, certes, sera aussi à rebâtir. Quel temps pour chacun, quelle disponibilité pour chaque enfant? Mais aussi et surtout, ce bébé va bouleverser la vie de Léna et Lissandre. Oui, ils s’y préparent, mais entre le bébé dans le ventre et celui qui va demander énormément de temps à Papa et Maman, il y a un grand fossé auquel ils ne sont pas préparés, tant qu’ils ne seront pas devant.

 

Léna qui regarde attentivement en livre comment se passe l’accouchement et les premières semaines d’un bébé.
Je leur explique que ce bébé demandera beaucoup de temps, qu’il nous faudra rester patient car souvent il pleurera, nous demandera nos bras ou une mise au sein. Je leur lis des livres sur le sujet. Mais leur place au sein de la famille, il faudra qu’ils la repensent, la recréent. Je leur répète que pour moi, cela ne changera rien à l’amour que j’ai pour eux, que je les aimerai toujours aussi fort et que je tâcherai d’être là aussi pour eux, mais je suis consciente qu’avec la fatigue, les nuits hachées, les demandes de chacun, cela peut s’avérer plus difficile pour tous. J’espère qu’ils sauront trouver leur place à nouveau auprès de ce petit frère.
L’avenir va nous apprendre encore sur nous-même. Entre défi, rêve et difficultés, nous oscillerons sûrement souvent les premiers mois entre chaque état…
A très vite

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