Où se cache-t-elle? On me voit sur des vidéos souriante, vider ma maison, chercher tranquillement une maison à plus de 1500 kms de chez moi…genre tout va bien…
Rassurez-vous, elle est là, ma copine ago, toujours blottie dans un coin de ma tête. Elle ne peut pas s’échapper, coincée entre mes envies d’en démordre et mes souvenirs de peurs traumatiques.
Mais, si, mais si, je vais partir… Je le ferai. J’ai annulé des centaines de rendez-vous, mais celui-ci, je ne le manquerai pour rien au monde, fatiguée ou pas, que je tripote mon bas de tee-shirt 3 jours avant jusqu’au trou, que je développe 3 cancers la semaine d’avant le départ, je partirai malgré tout.
De quoi j’ai peur? Alors, allons-y gaiement, puisque certains me demandent de quoi j’ai peur…Ca me paraît tellement évident, moi. Mais pourquoi vous n’avez pas peur, vous????
Ca me paraît insensé que vous puissiez allez et venir sur cette Terre, comme ça, sans vous poser mille questions sur l’itinéraire, les risques… Quels risques? Bah je vais vous les dire, moi, les risques. Tapez “accidents/route” sur notre ami Google et vous verrez les chiffres. Tapez “Mort/accidents/route “ et vous en saurez plus sur les risques. Ce délicieux cocktail fait de peur et de stress sait se faire discret entre ma chair et mes os, mais pas d’inquiétude, il me suivra bien pendant tout le trajet jusqu’au Portugal.
Ce s’rait trop beau qu’il n’y ait pas un pu**** d’embouteillage, avec ma chance. Ce s’rait trop beau que j’arrive sans sourciller à le passer nickel et à continuer de parler aux enfants comme si de rien n’était. Alors, là, quel risque me direz-vous? Oui, c’est sûr, quand on est au point mort, les accidents font moins mal, c’est déjà ça de gagné.
Mais moi, là, j’ai plus peur de l’accident mais de moi-même. La peur panique va-t-elle renchérir? Saurai-je me dire que tout va bien et respirer normalement quand je serai coincée de toute part, sur des plaques de béton brûlant, dans une atmosphère étouffante?
Si je faisais un malaise, là? Ou un de mes enfants? Ou pire, mon homme? (ce s’rait le comble, j’y avais jamais pensé, à lui, mais si lui, il lui arrive quelque chose, là, direct, on est deux à se faire évacuer^^) Est-ce que je saurai garder mon calme? Ma fâcheuse tendance à déguerpir rapidement, saurais-je la canaliser pour rester dans la voiture? J’ai peur de perdre le contrôle de moi-même, de faire n’importe quoi. Une crise, vous pensez que c’est juste un coeur qui bat vite? Détrompez-vous, y’a le feu devant moi et je dois fuir. Tous mes membres me le font sentir en poussant le sang à une vitesse record. Même moi, j’ai pas le temps de comprendre que mon corps est déjà prêt à bondir. Il faut une force surhumaine pour regarder la peur et lui dire “Mais non, petite, je resterai là, il ne va rien m’arriver mise à part ce coeur qui va exploser dans moins de deux secondes si je n’agis pas…” Cet effort, je l’ai déjà fait, mais j’avoue, c’est dur, même si c’est la millième fois. On ne s’habitue pas à la peur. De tous les agos que j’ai croisés, personne ne m’a dit aimer ressentir ces sensations, même le plus guerrier de tous. Derrière elle, se cache inévitablement la peur de la mort, inconsciemment sûrement.
Quand bien même je serai bien arrivée à bon port avec mes petits sous mon aile et mon chauffeur attitré, vous pensez qu’il ne peut plus rien m’arriver? Et c’est là que je vous perds, car vous, une fois arrivés, vous n’auriez qu’un mot à la bouche “PRO-FI-TER”.
Moi, mon premier mot, ou en tout cas mon premier cri sera plus proche du “Aaaaaahhhhhhh”. Juste, dans ma tête, je serai à 1500kms des choses que je connais et qui me rassurent (téléphoooone, maiiiison…^^)
Imaginez une fille complètement déglingo, tapotant sur un téléphone chargé pendant 5 jours sans le débrancher pour être sûre qu’il tiendra bien jusqu’à la prochaine prise, l’adresse de l’hôpital sélectionné avec soins pendant ma recherche de location. Car oui, Madame, oui, Monsieur, bien sûr que j’ai choisi la location en fonction de ça. Un hôpital, c’est le strict minimum pour que j’accepte ce voyage. Et la condition était à moins de 30 minutes en voiture. Celui que j’ai repéré est, je l’avoue, par chance, situé juste derrière le lotissement de la maison future… Mais pour moi, déjà, savoir que s’il se passe quoi que ce soit, il y a un hôpital pas loin, ça fait partie des choses qui me rassurent. Ah oui, hein, vous voyez, une vraie ago. A tous ceux qui me disaient que j’étais guérie, je les salue bien, ils peuvent reprendre leurs prières 😉
Donc après ce premier cri primaire, je pense que ça ira mieux, j’y serai, mon hôpital sera localisé. Pourquoi un hôpital me rassure t-il? A priori, j’y passe pas beaucoup de temps et les seuls moments où j’y vais, j’arrive à faire des malaises dedans (cf article sur l’opération de Lissandre). Je ne sais pas vraiment, je sais qu’une crise panique ne me provoquera rien de grave sinon du stress, je sais que je suis en bonne santé, mais être ago c’est être anxieux…et prévenant. Mais surtout anxieux. Pour moi mais surtout pour mes enfants, j’aime à savoir qu’en cas de chute ou blessure, je saurai y répondre rapidement. Je pense que tous les anxieux font ça, non? Bref, passons.
Ca peut paraître dingue de vouloir partir malgré toutes ces peurs (et encore je n’en suis qu’à vous raconter mes peurs du trajet…) Mais c’est maintenant ou jamais qu’il faut se lancer…
Ceci n’est que le premier acte d’une ago qui part en voyage. Peut-être cela se passera-t-il totalement différemment.
Le début Juin me montrera si mes prédictions s’avèrent réelles ou non. Nous devrons être à Esposende le 6 Juin après-midi. Le rendez-vous est pris.
A très vite.