Dis-moi comment tu voyages, je te dirai qui tu es…

par Hiel
Aujourd’hui, je vous dis tout sur ce qui nous différencie avec les autres familles qui voyagent.
Nos points communs sautent aux yeux, il est facile de pouvoir affirmer qu’on aime tous découvrir, apprendre et nous enrichir des autres. Mais de tous les portraits de familles voyageuses que j’ai pu lire, regarder et suivre, nous faisons finalement partie d’une toute petite communauté dans celle des voyageurs.
Parcque, décidément, nous ne faisons pas un voyage comme tant d’autres.

Déjà, nous travaillons. Et ce point là nous met définitivement à l’écart des trois quart des voyageurs.

En plus, nous avons besoin d’internet. Notre horizon se dessine donc aussi en fonction de cela. Puis nous recevons aussi des appels pro, donc besoin d’un endroit calme pour y répondre dans de bonnes conditions. Out la pensée même d’un voyage en sac-à-dos, ou en tente. Notre emploi du temps est également bien différent. Il faut penser à ouvrir la boite à 9h et garder en tête que jusqu’à 18h, on peut interrompre une sortie ou autre à tout moment. Rien que pour ça, déjà, le voyage est bien séparé des autres qui sont réellement disponibles pour leur aventure. La logistique, tiroir contrainte, fait partie de notre journée, ce qui nous écarte déjà beaucoup de ceux qui partent pour un tour du monde en un ou deux ans. Ils ont l’avantage d’être totalement dans leur aventure le temps qu’ils se sont fixés, et nous, nous avons l’avantage d’avoir le temps devant nous et rien qui presse le chemin, mais en pensant aussi travail 🙂

Et puis, non, nous ne sommes pas de grands aventuriers. Partir en voiture et dormir au-dessus de son toit, très peu pour nous.

Idem pour les camions aménagés, tout ce qui nécessite de bidouiller, de trouver des astuces pour avoir 1/10ème du confort connu et aimé. Non. Soyons raisonnables, nous n’aurions pas tenu un mois! Pas dans ces conditions en tout cas, pas en famille, pas en travaillant, et pas sur du long terme. Christophe, lui, seul, il aurait pu partir avec son canif et son baluchon sans problème.
Mais là, pour ce voyage-ci, nous avons besoin d’un espace vital pour chacun, de regarder un p’tit film le soir venu quand les enfants dorment, d’allumer un feu de cheminée l’hiver, de nous réveiller les pieds chauds. Bref, nous sommes des voyageurs mode papy. Même le plus grand et plus beau camping-car ne nous aurait pas permis de voyager comme on le souhaite. Nous aimons ce confort qu’une maison en dur ou un appartement offrent, et y renoncer, ça aurait été trahir ce que nous assumons être. Nous laissons aux autres, bien plus courageux que nous, les voyages où il faut trouver le bon emplacement, vider ses toilettes, gérer les arbres trop bas, les routes trop petites, les pannes etc. Toutes ces contraintes quotidiennes ne nous attirent définitivement pas. Certes, on doit aussi trouver une autre maison chaque mois, mais seulement 12 fois l’an, pas chaque jour 🙂
Puis, nous prenons notre temps. On aime bien. Pour nous, voyager, c’est s’imprégner, essayer de capturer ce qui fait qu’un endroit est différent d’un autre. Pourquoi est-ce qu’entre deux villes, on n’y ressent pas les mêmes choses, pourquoi deux pays si proches sont finalement assez différents…

Ecouter les conversations, les rires, les plaintes de comptoir, demande un effort et seul le temps permet de nous montrer ce qui se dégage d’une ville, d’un pays et de ses habitants.

Bien évidemment, on peut aussi se dire qu’un mois ici ou là, ce n’est pas assez pour découvrir complètement l’âme d’un lieu, et qu’on loupe tous ceux que nous n’aurons pas choisis. On accepte de rater beaucoup de choses mais les destinations choisies, cela nous semble important d’y rester quelques semaines minimum. Un pays ne se découvre pas en 15 jours.
Et puis, il y a les vrais baroudeurs, qui aiment l’inconnu, les destinations qui vont les déboussoler à l’ouverture des portes de l’avion.

Je ne suis pas de ceux-là. Déjà parcque je n’aime pas l’avion, mais quand bien même, il me faudra y aller par étape.

Doucement, mais sûrement, m’éloigner, voir mes repères occidentaux diminuer jusqu’à ne plus en avoir. Il me faudra ces mois de transition pour passer de l’Europe à l’Asie ou l’Afrique. Mon voyage est et sera fait à partir aussi de mes peurs, même si j’essaie de passer au-delà, je ne danserai pas non plus le Butô en pleine rue demain 🙂
On voyage comme on est, rempli de peurs, d’envies, de doutes et de surpassement de soi-même. Quand la plupart vont et viennent facile, il n’en sera jamais de même me concernant. J’aurai toujours le coeur fragile, la main qui tremble et ma tête qui raisonne le reste de mon corps. Je suis et resterai une éternelle anxieuse.
Enfin, et la plus belle des choses qui nous fait voyager différemment, ce sont nos petits. Parcqu’un voyage en famille avec de grands enfants n’est pas le même qu’avec des nourrissons ou des entre-deux. On fait et fera aussi beaucoup en fonction d’eux, voulant les faire participer au maximum dans nos choix de base. Je nous vois difficilement partir dans un lieu désertique où il n’y a personne, ils déprimeraient et moi aussi.
Il y a une question de caractère aussi dans nos choix de voyage. J’aime apprendre, culturellement, des pays que nous traversons. J’aime aller en ville, je suis une citadine, même si je préfère habiter à côté pour être tranquille. J’aime l’architecture des bâtiments, comparer les églises, découvrir les villages alentours, les façons d’acheter, de manger des habitants. J’ai besoin de voir la vie autour de moi.. Il en va de ma santé mentale.

Enfin, pourquoi AirBnb? Parcqu’indéniablement, c’est notre point de contact vers ce nouveau lieu inconnu.

A partir du moment où cette personne nous accueille chez elle, on a une chance que ça nous ouvre des portes vers d’autres choses, soit une rencontre directe enrichissante, soit des conseils vers d’autres lieux, d’autres événements. On déboule dans un endroit que les locaux, eux, connaissent bien. C’est une ressource qu’il serait dommage de ne pas exploiter. Voyager en camping-car, même si je suppose que la communauté des camping-caristes se reconnaissent et aiment à échanger entre eux quand ils se croisent, n’ont pas ce lien direct avec les locaux, sauf s’ils font l’effort d’aller à leur rencontre directement, mais ce ne serait pas aussi facile pour moi que pour d’autres. Mais j’admire ceux qui parviennent à le faire en tout cas.
Pour toutes ces raisons, notre voyage est différent de bon nombre de familles voyageuses.
Il est ni moins bien ni mieux, il nous ressemble juste.
Et vous, comment aimez-vous voyager?
A très vite.

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