Deuxième mois sur la route

par Hiel

Déjà presque 3 semaines de passées à Pombal. Mais c’est pas possible, on est arrivé hier !! Qu’est-ce qu’on a fait durant ces 3 semaines ? J’ai l’impression de n’avoir jamais dormi.Il est où le temps du repos, celui où je me disais que je m’emmerdais…Chaque jour, son lot de minutes rapides m’envoient dans les dents que je n’ai pas eu le temps de faire ceci ou cela. Les heures, elles, se foutent carrément de ma gueule, elles passent de l’une à l’autre, parfois même en jouant à saute-mouton, sans que je m’en rende compte…Il est minuit que j’ai à peine vu le jour.

Pourtant, je n’arrête pas. Je trimballe mes petits comme une africaine le fait avec ses bébés sur son dos…sauf que moi, ils marchent, et me suivent. Les cent premiers kilomètres, lorsque nous allions ici ou là, le « Ouiiiiiiiiiiii » des enfants raisonnaient jusque chez les voisins. Désormais, on a le droit à « Pfffff, on va où encore ? » Hihi, ils en ont ras-le-bol de visiter… Je garde le sourire car je vois bien que c’est juste le coup de décoller, et qu’une fois en voiture, ils ont déjà oublié leur dessin animé ou leur jeu. J’aime les voir gambader dehors, même s’ils râlent un peu quand nous visitons trop longtemps : la marche est une bonne école de l’effort.

Même moi je me surprends à aimer cela. Je ne suis pas prête à m’éloigner encore des points de repères encore vitaux pour ma sécurité nerveuse (merci petite Ago de rester près de moi) Mais en tout cas dans les villes ou proche, je n’ai plus d’appréhension d’arpenter de long en large les rues et places.

En tout cas, très très bizarrement, j’aime ça. A 50 ou 100 bornes de la maison point de repère, j’aime ça ! Jamais je n’aurai pû dire cela lorsque l’ago m’étouffait littéralement. Aller chez le voisin m’angoissait déjà. Je dis bien « bizarrement » parcqu’à force d’être limité dans nos actions, on pense réellement que l’on n’aime pas découvrir, aller au-delà de. On se convainc au fil du temps que c’est dans notre caractère…Je me disais, j’en étais sûre : moi, j’étais plutôt casanière, j’aimais rester chez moi lire. Finalement, je me rends compte que c’est moi qui réclame à sortir, à découvrir, à bouger.

Ce voyage, pour le moment, est vraiment une agréable surprise. Je me découvre aimer ça, je me découvre, en fait. Je n’ai jamais voyagé de ma vie, à part un voyage scolaire et une virée avec une amie à 18 ans. Celui-ci me montre à quel point j’ai soif de voir, de marcher, de fouler les terres.

J’adore regarder les gens ici. Ils ne sont pas bien différents que les français pourtant, mais il y a malgré tout des choses marquantes. Je constate que faire son potager, ici, n’est pas seulement une passion, c’est une nécessité, pour joindre les deux bouts ; Qu’il est très fréquent de voir les familles réunies dans deux maisons ou trois les unes à côté des autres, si ce n’est pas dans le jardin même. L’esprit de partage y est vraiment fort : là où par chez nous on part faire notre vie plus ou moins loin de nos parents, ici, la plupart préfèrent être à côté des leurs, en tout cas en campagne. J’imagine que dans les grandes villes, c’est peut-être différent. Le travail ici passe aussi par l’auto suffisance : ils mangent ce qu’ils sèment et récoltent, troquent entre voisins des patates contre des haricots. J’aime cette façon de voir les choses. Elles sont sûrement plus saines, déjà, et l’attachement des gens envers leurs proches et voisins est comme un lien protégé qu’il ne faudrait surtout pas briser de peur de perdre tout ce qui a été long à construire (la confiance, les rituels des uns chez les autres dès qu’ils ont un peu de temps, les trocs instaurés…) C’est marrant comme en France, je n’ai pas l’impression qu’il y ait autant de voisinage. On est même obligés d’instituer les « fêtes des voisins » pour se connaître ; Ici, la fête, c’est quasi chaque soir quand il fait moins chaud et qu’on va boire un coup chez celui d’en face ou d’à côté. J’avais déjà posté une petite vidéo sur la gentillesse des portugais, elle s’étend même aux villes un peu plus grandes. Bien sûr qu’il doit bien y avoir aussi des gens moins sympas et bienveillants, mais je ne sais pas comment le dire, j’ai la sensation qu’ils sont moins méfiants ici. Ils entament la conversation facilement. Pourtant on fait très touristes avec nos cams au poignet, mais il suffit qu’un des enfants fasse un peu le clown, ou autre, ils s’arrêtent pour demander d’où on vient, où on va.

Peut-être le soleil facilite -t-il l’amabilité, la bonne humeur, c’est bien possible En tout cas, je le suis également, je reste heureuse de ce que je parviens à faire, je prends plaisir à aller dans telle ou telle ville conseillée, point de vue ou autre.Et chaque personne rencontrée est une petite victoire sur les années où les seules personnes que je côtoyais étaient mes parents et quelques rares amis. J’adore écouter leurs histoires, leurs problèmes, petits ou grands malheurs, là où ils en sont.

Je continue de penser que ce soleil facilite beaucoup les relations et les occasions de, mais qu’importe, je prends ce qu’il y a à prendre : des paysages, des ruelles, des visages.

Je vous en joins une, elle n’est pas portugaise cette rencontre-ci mais les locales, la barrière de la langue m’empêche de pouvoir demander si je peux ou non publier les images avec leurs visages donc je préfère m’abstenir quand je n’ai pas l’accord…

C’est une des belles coïncidences de la vie. Je sais que c’est probable qu’on n’ait jamais plus de nouvelles de cette famille, mais l’instant vécu suffisait au petit bonheur de l’instant T.

En espérant qu’on en ait plein, des comme ça. Pour les enfants comme pour nous, juste géniale comme soirée.

A très vite

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