Franchement, on m’avait vendu du rêve. Sur papier, ce n’était que soleil, bonne humeur, épanouissement des enfants, découvertes chaque jour, amour toujours…Bon, ça, c’était les deux premiers mois, lorsque nous étions au Portugal, et que tout était réuni pour colorer le tableau.
Mais on le sait tous, dans chaque mode de vie, il y a ses avantages…et ses inconvénients!
Ici, en lisant cet article, vous allez m’aimer, vous allez vous sentir bien, vous allez retourner au travail le cœur léger, l’envie d’embrasser vos collègues, d’un pas guilleret.
Car oui, du mot “voyage”, les premières images qui nous viennent, c’est soleil, plages, farniente, les enfants qui ne se disputent pas, qui jouent dans le sable des heures sans un “Mamannnn j’ai soif, Mamannnn j’ai chaudddd, Mamannnn c’est quand qu’on mange?”, avec le mari qui nous masse les pieds après nous avoir apporté un p’tit cocktail rafraîchissant, qu’on dépose leeeennnntement à côté du transat, et que même ça, c’est le plus gros effort de la journée. Ce mot “voyage” avec ces dizaines d’images de pays merveilleux, où nos chérubins s’émerveillent devant un temple en essayant de mesurer mentalement son aire – ce qui, au passage, les ferait réviser leur table de multiplication – , où chaque jour serait synonyme de “whouaaaaa, c’est beauuu”, laissant exploser quelques “Amour” et “Chéri” au cas où ce ne serait pas assez.
Maisss, et c’est là que votre moral va remonter en flèche, le mot “voyage” est à peu près résumé au-dessus, si et seulement s’il ne dure qu’une ou deux semaines. Bah oui, parc’que le mari en question, un moment donné, il vous dit de lever vos fesses pour aller vous le chercher votre cocktail. Et un moment donné, le sable, nos chers marmots, ils l’ont fait en château, en bonhomme de neige, en plâtre de momification, ils l’ont même mangé, ils en ont gardé de la veille entre les orteils pour les laisser s’échouer sous la couette du lit. Bref, ils n’en veulent plus, de votre plage.
Ce tableau magique ne dure qu’un temps.
Quand on voyage plus longtemps, quand cela devient le quotidien, il faut aussi admettre qu’il y a des inconvénients.
Le premier auquel je pense, c’est le manque des amis et copains. Voyager c’est super, mais au fil des semaines, on aspire à discuter, à partager sur ce que l’on vient de voir ou vivre, avec les gens qu’on aime. Parfois, on est devant un cadre magnifique, ensemble, tous les 5, il fait beau, il fait bon, et la seule petite chose qu’on aimerait en plus (oui oui je sais on est jamais content), c’est partager ce moment avec nos parents, nos frères et sœurs, nos potes. C’est d’ouvrir une bouteille de rosé ensemble et s’asseoir par terre avec eux pour refaire le monde, c’est danser sur des musiques de vieux jusqu’à ce que nos boîtes à souvenirs soient toutes épuisées.
Le manque pour nous, adultes, mais aussi pour les enfants.
Il n’y a pas un jour sans que Léna ou Lissandre ne ressortent un prénom de copain de classe ou ne se remémorent pas un souvenir de la cantine, ou un jeu de récré. Ils aimeraient bien continuer le voyage, mais ils aimeraient aussi emmener Catherine, Lorenza, Enaëlle et Charlotte ou Alice.
C’est dur aussi de ne pouvoir tout apporter à nos enfants, même si on essaie autant que possible de combler ce manque, pour nous comme pour eux.
De ce premier inconvénient, direct, je pense au deuxième, et là, j’en vois déjà qui vont hocher la tête dès la première phrase.
Il faut réussir à se supporter!
Nous, c’est du 24h/24. Du matin au soir, du soir au matin, nous sommes ensemble, pour le meilleur du voyage (rappelez-vous, la plage, les châteaux de sable, le cocktail…) mais aussi pour le pire!
Léna et Lissandre ont 5 et 6 ans, un âge où, comment dire…comment expliquer ce chaos intérieur qu’ils subissent quand l’autre a expressément pris le bouchon de son crayon sans vouloir lui rendre…Ca peut paraître exagéré, mais pour deux enfants, être tout le temps ensemble, c’est vraiment difficile. Oui, ils jouent la plupart du temps, mais ils ont aussi encore bien plus d’occasions de se disputer, se comparer, vouloir la même chose au même moment. Il arrive un moment, où, sans réussir à l’expliquer, ils ne parviennent plus à se supporter. Et c’est humain. Normal. A nous donc de donner du temps à chacun, et leur proposer des temps où ils sont seuls aussi. Les laisser constamment ensemble de 8h à 22h serait un voyage qui se terminerait en suicide collectif! (mais sur une plage, quand même 😉 )
Pour le couple aussi, ce n’est pas si facile. Chacun a ses tâches définies, et au milieu, il faut réussir à trouver encore du temps pour nous. Ce bon vieux p’tit couple partit pour faire un tour du monde, en gérant ses enfants, en continuant de travailler, il lui faut assurer sa propre survie. Bah oui, forcément, si le couple part en vrille, alors le voyage en entier se barre au large. D’où le mari qui tente désespérément de temps à autre de surprendre sa femme, d’aller lui chercher un p’tit cocktail et de la masser sur son transat. Je plaisante mais quand on change de maison chaque mois, cela demande davantage d’effort de maintenir son couple. Là où, en étant sédentaires, on sait où l’on peut trouver son pain, ses fruits et légumes, son coiffeur et tout le reste, nous, on passe du temps à chercher, à découvrir, à se repérer.
On passe du temps à se faire comprendre, à oublier la moitié de ce qu’on était parti chercher parc’qu’on s’est laissé distraire par un truc nouveau. Bref, tout ces petits temps qu’on passe et qu’on perd, c’est aussi du temps en moins pour penser au couple. On en est pas à se dire qu’on va emmener chéri au resto et au ciné, on essaie d’abord de se nourrir, de se repérer, de visiter, tout en bossant et en occupant de la façon la plus instructive possible, nos petits. Donc bon, ce petit couple parti le sourire aux lèvres avec ses marmots, il lui faut aussi être solide quand on lui accorde, il faut bien l’avouer, peu de temps.
Autre inconvénient qui, je pense, n’est pas assez relevé: le logement.
Les Airbnb que nous louons peuvent être de super bonnes surprises, mais peuvent aussi être de véritables déceptions.
Christophe pourrait dormir par terre dans le froid qu’il dirait encore que tout va bien. Moi, clairement, je fais sûrement ma princesse, mais j’avoue qu’un lit avec des ressorts de 30 ans ou une maison froide dans laquelle je n’arrive pas à me réchauffer, bahhhh, elle a beau être jolie sur papier, avec des fleurs et un beau jardin, ça me gâche un peu mon plaisir. Je vous rassure, je parviens à passer outre : mon titre de noblesse, je sais aussi le remettre dans ma poche, mais ça reste quand même assez contraignant certaines fois pour ne pas l’évoquer.
Nous avons eu des maisons où franchement, je m’étais sentie super bien, et ce n’est pas une question de superficie ou d’esthétique. Par exemple à Sintra, nous n’avions qu’une petite maisonnette mais tout était propre, le lit confortable, l’ensemble était chaleureux, et on ne manquait de rien. Je pouvais cuisiner, j’avais un four, des ustensiles de cuisine, des torchons, tout tout tout. Oui ce sont des détails mais quand on passe un mois sans pouvoir faire les plats dont on a envie, ça passe encore, mais au bout du 4ème mois sans four ou sans marmite, eh bien….on arrive à regretter de ne pas être parti avec un car plutôt que notre voiture.
Je me souviens qu’à Valence en Espagne, le bruit des voitures et des voisins m’étaient franchement devenus insupportables. A Luca en Italie, la maison était tellement sale/moisie que même en ayant nettoyé au maximum à mon arrivée, ce mois passé là-bas m’avait été difficile. Je crie haut et fort que je n’ai pas besoin de beaucoup de matériel, mais par contre, j’ai horreur des maisons sales, humides, avec la moisissure sur les murs, que l’on sent dès qu’on ouvre la porte d’entrée. Pour autant, on choisit nos maisons en fonction aussi des commentaires, mais les photos peuvent être trompeuses. Certains ont mis des photos d’après la rénovation qui, à l’époque, donnait une belle maison fraîche, murs propres, le tout étant neuf. Sauf que quand on découvre la maison, on se rend compte que la rénovation date d’il y a 20 ans et que, depuis, eh bien, il en est passé, du touriste!
Donc bon, les Airbnb, même si on a un peu plus d’expérience qu’à nos débuts, on peut tomber sur des malins et être déçus du logement. Et quand même, tous, princesses ou pas princesses, on aspire à être bien dans la maison ou appart dans lequel on pose nos valises un mois!
J’ai beau chercher, les autres inconvénients que je vois, finalement, se retournent en avantages. Vous en voyez d’autres, vous?
A très vite