SUPER POUVOIR DU DIGITAL NOMAD : L’ADAPTATION

par Hiel

Oui, d’accord, c’est moins fun que la téléportation, ou l’invisibilité, mais bon, j’avais pas le choix dans le contenu de mon pack “voyage”…

Ceci dit, s’il y a une chose qui nous est bien utile en voyage, c’est bien cette faculté : l’adaptation. Qu’il m’aura pour ma part fallu forger, car, je le répète, je suis partie avec mes peurs d’ago. Et ma devise première d’agoraphobe, c’est de maîtriser mon environnement. Or, et c’est bien la drôlerie d’un ago qui part tête baissée en voyage, ce qui change tous les mois avec notre façon de voyager, c’est justement tout mon environnement!

Déjà, donc, en tant qu’adulte, je me dois de m’adapter à ces nouveaux toits chaque mois. Ces nouveaux quartiers (où est mon hôpital, bordel de -biiiiip-?), il nous faut les intégrer rapidement à notre quotidien. On se doit de trouver les lieux stratégiques assez vite, surtout si on a faim ! Il est où, mon p’tit producteur de fruits et légumes? Et le tout sans se perdre. Il faut donc passer par là et là pour revenir sur cette rue, ok, vive mon sens de l’orientation et surtout le mec qui a inventé le GPS.

Chaque mois, cette faculté d’adaptation est mise à l’épreuve.

Mais c’est un exercice que nous faisons avec plaisir car dès les premières heures d’atterrissage dans un nouveau lieu, on remarque des petites différences et on goûte à l’ambiance générale.
Je teste ces nouveaux commerçants à qui il va falloir montrer que je ne comprends rien mais que tout va bien (non, le bulgare ne se comprend pas aisément!), cette monnaie qui me fait retourner cette cervelle pas très matheuse dans tous les sens pour savoir si on se fout de ma gueule ou non (se faire arnaquer parc’que je ne suis pas une locale, ça m’est arrivé). Quitte à passer deux fois plus de temps devant un produit, je m’assure qu’on ne me le facture pas le double! Ca, c’est de l’adaptation ou je ne m’y connais pas 😉

L’adaptation passe aussi par l’adoption de la façon de vivre. Manger est le premier exemple qui me vient, mais on l’applique également pour la conduite, la façon de sortir, et notre consommation en général… Fini pour nous les camemberts et le beurre salé. Nous cuisinons les produits que nous trouvons, et locaux de préférence : ici, depuis la Grèce d’ailleurs, beaucoup de fruits et légumes de saison, huile d’olive, fromages de chèvre, des pois, lentilles. Ils ont beaucoup de charcuterie aussi, et des viandes. Nous ne changeons pas toutes nos façons de consommer (pas ou peu de viande/charcuterie chez nous), mais on essaie d’acheter local et les produits du pays.

Il faut aussi s’habituer à la langue locale. En général, je maîtrise le bon mot avec le bon accent les deux derniers jours avant de partir. Normal. Les 29 jours d’avant, je balance mes tentatives au lance-pierre et c’est là que je me fais griller de suite comme la touriste classique! 🙂

Il y a donc une certaine acclimatation au pays à adopter. Mais à l’intérieur du logement également! Nous entrons chaque mois dans un nouvel univers. Selon l’endroit, je découvre avec bonheur les richesses des tiroirs de la cuisine (yeahhh, je vais pouvoir cuisiner!!) ou la pauvreté du lieu (yeahhh, on va aller manger au resto hyper souvent ^^) Adaptation, vous dis-je…

Tout les ustensiles pour cuisiner, un bonus que nous n’avons pas souvent!!

On s’accommode donc du lieu et de ce qu’il nous offre. Et je peux vous assurer que je me rends compte que mon cerveau devient plus lent quand la nuit, envie de pipi pressante, je me dois de l’allumer pour me souvenir dans quelle maison je suis, comment elle est configurée, et surtout où sont les toilettes!

D’ailleurs, plusieurs fois, Léna s’est réveillée en pleine nuit en ayant envie de faire pipi aussi, et, la flemme d’ouvrir les yeux et d’allumer le “ON” de sa mémoire, je l’ai vue tâtonner un mur où, décidément, il n’y avait ni porte ni lumière. C’était très comique! Ma pauvre choupette est complètement désorientée avec nous 😉

Les enfants aussi doivent ajuster leur comportement en voyage. Nous nous sentons bien partout, mais nulle part, c’est chez nous. Ce que nous pourrions autoriser à nos enfants si les meubles et objets nous appartenaient, nous ne pouvons nous le permettre en voyage. Par peur d’abîmer, de casser, de détériorer le matériel, ou l’appartement, nous sommes obligés d’ajuster notre façon de vivre.

Prendre soin des jouets des autres, une nécessité en voyage!

 

Nous sommes davantage méticuleux, faisons bien plus attention aux choses, car racheter les objets cassés ou abîmés pourrait nous faire perdre beaucoup d’argent au final. Sans parler d’argent, certains objets sont des souvenirs, achetés justement en voyage par nos propriétaires.

Je me souviens d’un magnet frigo qui était tombé et qui s’était fendu en deux, il venait de Milan. Ce n’est pas le prix que ça coûte, un magnet, mais la valeur était sentimentale…Bon, du coup, on a toujours un tube de colle forte dans la voiture ^^

 

 

 

 

 

Nous expliquons ainsi aux enfants pourquoi ils ne peuvent pas sauter sur le lit (racheter un sommier, même en Bulgarie, non merci!), pourquoi ils ne peuvent pas courir dans un appartement (risque de chute et de casser une table en verre par exemple), pourquoi ils ne peuvent pas tout prendre comme jouet (bibelots personnels). C’est difficile pour les enfants de garder en tête cette notion de respect. Ils se laissent souvent embarqués dans leur jeu, et en oublient que ce jouet en question peut être cassé s’il fait l’objet d’un bombardement de pirates de mer qui assaillent les gentils. C’est impossible de leur dire de faire leur vie d’enfant sans faire vivre les jouets qu’ils manipulent et sans bouger dans l’environnement dans lequel ils sont. Impensable de leur demander de rester jouer tranquillement sur une chaise, difficile de faire du skateboard sans faire des “tests”.

Nos enfants vivent, jouent, expérimentent, avec ce qu’ils ont sous la main, dans des endroits à chaque fois différent.

Il nous faut donc, eux comme nous, être en veille permanente. Se laisser des libertés mais tout en respectant les gens chez qui nous sommes et leur propriété. A nous de guetter les enfants du coin de l’oeil, de leur proposer des activités qui seront sereines et pour eux et pour les choses qui ne sont pas nôtres.

Enfin, dernier point qui pour moi est l’un des plus importants : la sécurité. Chaque nouveau toit est un endroit avec de nouveaux risques, qu’il nous faut repérer dès que nous arrivons.

L’envie était grande de rester longtemps à contempler la vue, à Skopje…Et de se pencher pour voir en bas, forcément, aussi…

 

C’est le cas pour Léna et Lissandre, quoiqu’ils sont davantage conscients des dangers domestiques à leur âge. Malgré tout, chaque nouvelle maison ou appartement possède des dangers qui lui est propre. A Skopje, mon coeur s’arrêtait dès que l’un de mes grands se penchait un peu trop au balcon pour regarder un oiseau. A Néa Moudania, nous guettions chaque passage de voiture quand nos grands allaient au parc en bas de la rue seuls.

 

S’adapter, pour ces dangers majeurs, c’est expliquer, parler aux enfants, les accompagner dans leur prise de responsabilités, sans leur interdire de vivre. Pour Jona, c’est une surveillance différente, il n’est jamais loin, mais il existe des risques tout aussi grands.

 

 

 

 

A 9 mois, c’est chaque minute qui potentiellement, peut tourner au drame si on ne protège pas en amont l’environnement autour de lui.

A Skopje, par exemple, les plinthes au sol qui faisaient la jonction parquet/carrelage étaient des bouts de ferraille qui se décollaient et les murs s’effritaient. Il aurait suffit de peu de temps pour que Jona à 4 pattes s’enfonce un genou ou un orteil dans un bout de ferraille (risque de coupure) ou mette à la bouche un morceau de plâtre indigeste (risque d’étouffement).

Les plinthes au sol à gauche et un des murs à droite

Lorsque nous étions sédentaires, même en location, nous pouvions faire des petits travaux ou du moins protéger les zones à risque pour éviter à Léna bébé de se mettre en danger. Investir un peu d’argent quand on sait qu’on va vivre un petit moment dans un lieu me semble logique.
Mais pour nous qui ne restons qu’un mois dans chaque logement, nous perdrions beaucoup trop d’argent si nous devions dans chaque location faire des petits travaux pour assurer une sécurité optimale.

 

C’est donc encore une fois notre adaptation qui nous permet dans un premier temps de repérer les dangers du lieu, et de protéger notre bébé aux éventuels risques domestiques.

En l’occurrence, puisque nous ne souhaitons pas l’enfermer dans un parc et que nous voulions le laisser expérimenter en motricité libre, c’est notre oeil sur lui en permanence la solution la plus adéquate.

 

 

Pareil pour le co-dodo. Puisque nous ne pouvions pas aménager des matelas au sol pour plus de sécurité, nous avons poussé le lit au mur et je dormais du côté vide pour assurer la barrière.

Les vides étaient comblés par des oreillers et couvertures pour créer des petites hauteurs…

Jona à 6 mois. A l’époque, il se tournait juste de côté…Cette petite barrière suffisait alors, même s’il essayait déjà l’escalade.

 

Il nous faut donc trouver des combines pour vivre normalement, sans s’arracher les cheveux, et vivre harmonieusement avec les problématiques qui nous tendent les bras chaque mois, et que nous accueillons, avec le sourire, bien sûr 
Alors, champions de l’adaptation ou pas?
A très vite.

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