Voyager avec l’ago

par Christophe

A J+ 3 du départ de Nantes (ça y est, je suis obligée de compter, j’ai déjà plus de notion de temps…c’est fou ce que l’école m’aidait à savoir quel jour on était^^) les premières questions sur mon état mental se posent…

Non, je ne suis pas encore devenue folle, je vais bien. Détail.

Le trajet. Honnêtement, il m’en faut pas énormément pour me stresser mais là, partir un lundi matin pour 2h30 de voiture jusqu’à La Palmyre, ça va, je gère à peu près bien. Bien sûr, mon appli Waze était ouverte sur les genoux, bien sûr je suivais l’état de la circulation avec acharnement (il va bien finir par arriver, ce satané bouchon qui va me coincer des heures…) Mais bon, pour ce trajet-ci et vu l’heure du départ, j’étais malgré tout sereine: je me doutais que ça se passerait bien. Pas loupé, tout s’est bien passé, limite trop facile…

Certes, il y a quelques années, m’éloigner de ma ville aurait été un véritable cauchemar, mais j’ai bien progressé depuis. Ma zone de confort s’est peu à peu étendue…jusqu’à ce que le territoire français ne m’angoisse plus, ou moins en tout cas. Je gère les situations comme elles viennent, et ce trajet ne m’a pas tracassé du tout. Déjà parcque c’était un trajet court et également parcque nous n’avions pas à traverser une grande ville.

Après, l’arrivée au gîte, forcément, m’a apaisée encore plus. C’était juste très mignon, cosy et tout a été fait pour que je m’y sente bien. Un accueil chaleureux, une loc plus que jolie, de l’espace et du soleil, tout allait bien. Et puis, en France, il ne peut rien m’arriver, je parle français, les docs me comprendraient s’il m’arrivait quoi que ce soit, les pharmacies aussi, je sais où sont les hôpitaux approximativement, bref, pas de souci.

Gérer la fatigue, en tant qu’ago, est quelques chose d’essentiel. Le stress fatigue beaucoup. Parfois, je me rends compte que je ne respire pas à fond, mais plutôt en gardant le bide contracté. Ca fait des années que je travaille sur cette fichue fatigue. Aujourd’hui, je peux dire que je la maîtrise bien mieux. Ohhh, ce n’est pas encore parfait, mais malgré les nuits un peu moins « tranquille », je gère les lendemains plus facilement.

Donc cette première journée sans sieste avec un trajet sans obstacle s’est déroulée sans crise ni l’once d’une inquiétude. Ouf.

Deuxième journée: après une première nuit tranquille, nous avons voulu aller au zoo. Bon, qui dit zoo dit s’éloigner de la voiture, et de l’entrée du zoo (ils pourraient pas faire une sorte de cercle autour de l’entrée histoire de????) Faut toujours qu’ils nous pondent des hectares de nature, des allées plus grandes les unes que les autres et UN point snack (donc pour moi qui dit snack dit personnel donc secours si problème…Oui je sais: « pourquoi veux-tu… » « Parcque! ») Donc en général, j’aime pas les zoos.

Pour deux raisons: d’une part parcque je vois bien que les animaux, même s’ils ont toujours vécu en captivité, ont bien largement moins d’espace que dans leur environnement naturel (et me sortez pas l’argument de la protection des espèces, il y a des dizaines voire centaines d’initiatives qui le permettent sans avoir à les capturer et les tenir enfermés dans une vitrine pour le simple plaisir des humains!) D’autre part pacque m’éloigner, marcher longtemps, n’a jamais été mon fort, j’ai toujours la « peur » de faire une crise au fin fond de leur labyrinthe et de devoir courir à l’aveugle pour trouver la sortie… Donc zoo, pour faire plaisir aux petits, et puis, quitte à être à La Palmyre, autant occuper les enfants avec une visite qui les intéresse.

Donc arrivée assez tôt, mon premier réflexe: trouver le plan du zoo pour voir ce qu’on allait bannir pour ressortir plus rapidement. Chose faite. Ok, les perroquets et les oiseaux,  on s’en fiche, j’avais une tourterelle sur la terrasse du gîte, j’ai déjà vu ^^ Bon, ouf, Tophe a cédé, il avait pas spécialement envie de tout faire non plus, ça m’arrange. Porter le petit ou la grande durant 1h, non merci! Au début, ça va toujours, hein. Je sais quel trajet faire pour faire demi-tour, sauf qu’il y a un moment où, forcément, on sait plus du tout, et là, les pensées habituelles prennent place dans la tête.

Petit roulement de tambour (c’est mon coeur) et c’est parti « Bon, si crise, je m’asseois… Au pire, Tophe gérera… Oh, regarde le beau gorille (nan, ça marche pas)…Tiens, encore un panneau qui indique le sens de la visite, ouf, j’suis sur le bon chemin^^ »… Ah, enfin un plan. Je m’approche et le contemple, cherche le fameux « Vous êtes ici », et je vois la petite flèche qui m’indique que je suis tout au bout du parc, loinnnn, très loinnnn de l’entrée… Bon, les enfants, on se dépêche un p’tit peu, allez, on les a vu les zèbres, on continue, allez…Ce réflexe de vouloir aller vite pour sortir rapidement, quand est-ce que ça va me lâcher????

Pourtant je me le répétais: « Profite, regarde, tu es avec tes enfants, eux ils se posent pas la question où ils sont, ils avancent et s’en fichent. T’es pas toute seule en plus, Tophe est là avec des milliers d’autres gentils anglais qui viendraient t’aider si souci ». Bon, au fur et à mesure, je me suis détendue, ai profité VRAIMENT de la découverte des animaux aux 3/4 du parc je dirai, lorsque je savais que la sortie n’était plus loin (j’avais imprimé mon plan dans la tête et savais à quels animaux je serai plus zen)

Voilà, une expo réussie, même si pas faite en entier, j’ai géré mes crisounettes sans que personne ne le voit, super Mumuuuuu…

Soirée tranquille au gîte, dîner, montage vidéo et dessin animé avec les enfants. Presque des vacances, quoi. Tophe travaillait dans son coin, moi aussi, finalement, si c’est ça être digital nomade, sortir, profiter, criser tranquillement, découvrir et travailler, ça va être sympa ce voyage.

Bon, jusqu’ici, tout était quasi parfait. Lever ce matin moins zen. Une grande ville à traverser pour rejoindre la prochaine location à Biarritz: Bordeaux. Je hais cette ville. Trop grande, un périph tout moche qui n’en finit jamais, des ponts, des bouchons à foison, bref, désolé les amis bordelais, mais Bordeaux m’hérisse les poils.

Malgré un départ un peu plus tardif que prévu, à 11h, on a finit par décoller. Difficile de quitter un endroit où on se sent bien. Je ne m’attache pas forcément aux lieux, mais là, vu que ma première expérience du voyage était bonne, je serai bien restée un peu plus longtemps, histoire de retarder l’échéance du en-dehors France. Mais bon, décollage en douceur, les enfants se sont endormis sous la douce pluie battante sur nos vitres de voiture, et ce pour 2h30. On a donc tracé, en mangeant en voiture, et c’était pas plus mal, Bordeaux s’est laissé traverser sans encombre, sans bouchon. Sous un ciel bien gris. Normal, Bordeaux, quoi. Oui, ok ok, je laisse Bordeaux tranquille… 3h30 de route, impeccable. Pas de peur, puisque risque de bouchon passé. L’anticipation du matin et du début de trajet cédèrent leur place à un beau soleil.

Les clés en main, on a pris possession des lieux, timidement, découvrant ce petit studio en plein Biarritz. Puis le café pris, visite rapide obligatoire. Notre hôte nous avait laissé un guide complet pour nous repérer dans la ville, savoir où étaient les points de vue, les restaus, les p’tits supermarchés…Découverte dans la ville durant un peu moins d’une heure.

Je réalise que m’éloigner de mon point de repère (maison ou voiture) est moins un souci également qu’avant. Je me souviens qu’avant, à deux rues à peine, je flippais déjà et étais incapable d’avancer.

Là, limite, plus de tél, pas de plan, ça m’angoissait pas du tout. Déjà parcque gérer les deux petiots dans une rue nécessite d’avoir tous les neurones connectés et puis, parcqu’en ville, vraiment, je sais que partout, y’a une solution de repli en cas de malaise, de crise ou autre. Donc les villes, c’est ok je pense, je ferai pas 10 kms non plus mais aller visiter les alentours ne me fait plus peur.

J’en suis là, à préparer un plat de pâtes/saucisses (menu gastro ce soir) plutôt tranquille.

C’est vrai, être en France me rassure encore énormément. Ca va se corser sûrement quand on passera la frontière. Même si j’ai bombardé Tophe de questions les plus loufoques les unes des autres (non, je ne vous en ferai pas part)(non, n’insistez pas…), je reste sûre que le trajet pour traverser l’Espagne sera plus dur pour moi.

Je n’en suis pas là, deux jours ici. Ma devise: profiter, travailler, rire, vivre, quoi…

A très vite.

 

 

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