Prétextant de vieillir en Mars, Christophe et moi nous sommes organisés une soirée à deux pour profiter de ces derniers moments seul à seul. Partis pour un classique ciné/restau, on se ravisa sur une soirée orchestre symphonique à La Passerelle à St-Brieuc. Comme je m’y attendais, que des jeunes de plus de 50 ans à 500 mètres alentours mais qu’importe, nous voulions essayer autre chose. Et puis, c’était bondé, il y avait bien des raisons. Au guichet, à côté d’un couple de soixantenaires, j’oscillais entre “Pourvu qu’il ne reste plus de place “ et “Ca devrait être bien, non? Hein, Papy, ça va être bien?”
Il restait quelques places. Bon. La question cruciale ne tarda pas dans ma bouche: “Et…où?” La guichetière partit dans ses explications en mimant la scène et les blocs de public. Nan nan, mais moi, je veux juste être près de la sortie, j’m’en fou de pas voir de près^^ Alors, une fois qu’elle avait fini de s’évertuer avec ses mimes, je lui suggérai juste que je voulais être près d’un couloir. Car qui dit couloir, dit sortie, parole d’ago 🙂
On prit les places tant convoitées, au balcon sur un côté, celles que personne ne veut. ‘Sont fous, eux, ils se tassent comme des andouilles en bas, moi je vais être bien, là-haut…
Je regardais la salle se remplir, et trouvais enfin nos sièges. J’y étais. Rapide coup d’oeil alentour. Ah oui, en effet, on est tranquille, là. Y’a personne. Une vingtaine de personnes seulement au balcon, tous centrés, et nous, sur le côté, seuls au monde. Parfait. A ma droite, la fameuse sortie du balcon. Un quart d’heure avant le début, je déambulai dans le couloir pour vérifier la trajectoire de sortie et questionnai les placeurs innocemment pour vérifier que les portes restaient bien ouvertes durant le spectacle (on sait jamais, on voit tellement de choses de nos jours! Ils pourraient prétexter une meilleure acoustique ou je ne sais quoi et interdire les sorties…) Là, décidément, les Dieux étaient avec moi ce soir, tout était parfait, les portes restaient ouvertes, j’étais en bout de rang sur un côté dans le bloc déserté de la majorité. Impeccable!
Le noir se fit enfin, le brouhaha cessa, la chaleur me dérangea un peu moins, et la magie opéra. Quasi instantanément.
Une vingtaine de musiciens, plus ou moins jeunes, et une vingtaines de choristes entremêlaient voix et sons dans une douceur envoûtante: je maudis brusquement mes vieux préjugés sur le classique.
Je ne saurai dire ce que j’ai préféré: les voix qui sautaient sans fausse note du grave à l’aigu en deux ou trois petites secondes, quand moi je cherche dans ma voiture ou la douche à imiter Lara Fabian dans un ton 5 fois en dessous, l’éclair de génie du compositeur mort depuis bien longtemps et dont je ne me suis fouchtre jamais intéressée (paix à son âme), ou bien la petite sauterelle en guise de chef d’orchestre et sa baguette qui menait ses pantins à la seconde. Avant de fermer les yeux et m’imprégner des décors de film que ces virtuoses me proposaient, je scrutai chaque musicien et son instrument. Jamais je n’avais entendu de la harpe, non de non! C’est croyable, ça? Comment à 36 piges, ai-je pu passer à côté de ça? Au moins une fois!
Les vents, les percus, l’orgue…je passai en revue chacun et chacune, comme pour les remercier de ce cadeau. Une fois que chacun eut sa dose de contemplation, je me plongeai dans mon scénario, et reculai dans mon siège pour déguster chaque note.
Vraiment, arrêtez D17, et essayez, vous devriez en ressortir tout guilleret, fier de cette aventure (comme si c’était vous qui aviez joué) En fait, j’ai rien fait, hein, on est bien d’accord, mais dans ma tête, ça virevoltait, dansait, chantait, vêtue d’une robe à fleurs dans un champ d’herbes hautes sous un ciel d’été. Incroyable cette résonance comme elle vous inflige ce bonheur sans rien avoir demandé.
Ce n’est que vers la fin que l’ago me réveilla. Oh hé, petit escargot, réveille-toi, tout le monde va sortir en même temps, c’est la fin, là!!! Ha oui, c’est vrai, j’suis ago.
Hop, petit coeur tambourinant comme il faut, me voilà prête à bondir, le petit mollusque se transformant alors en gazelle joyeuse (bah oui elle est heureuse quand même, la gazelle) Les mains tapent, tapent, applaudissez pour moi les gars, moi j’y vais… Et me voilà la prems’ dans le couloir de sortie, la prems’ dehors aussi. Aaaahh c’était bien, là. J’ai super bien géré. Tandis qu’on avait déjà fait 5 bornes, je les imaginais faire deux pas lentement vers la sortie… Hihi. Oui, oh, je sais, hein, ils ont raison, c’est moi qui suis pas normale. Je sais je sais, mais bon, déjà j’y suis allée!
Et en plus j’ai pris plaisir, ce qui est rare quand il y a foule autour.
Résultat mitigé donc pour cette expo spectacle. Oui j’ai évité la foule en me plaçant à côté , oui je suis sortie avant d’avoir applaudi le quota minimum pour un show aussi beau, mais j’y suis allée, j’ai assisté à un spectacle où il y avait environ 1000 personnes, et j’ai réussi à oublier quelques instants l’ago, quart d’heure après quart d’heure.
La dose de confiance en soi augmente forcément quand ça se passe ainsi, même si je n’ai pas tout affronté. On continue on ne lâche rien.
Hiel