Pas de courage, pas de Pena!

par Hiel

Vous l’aurez sûrement remarqué, je n’y étais pas, au Palais de Pena.
Il me restait au travers de la gorge l’essai infructueux d’il y a deux semaines. Souvenir de cette masse se précipitant vers les entrées, cette montée en lacets d’une route à peine plus large que notre voiture, ces arbres me renfermant dans cet espace. Cette odeur de poussière en permanence brassée par des pas et les voitures ralenties. Et cet inconnu qui m’oppressait le coeur…

On va se garer où? Il faudra s’éloigner un peu, beaucoup, combien de temps ? Y’a-t-il des secours tout là-haut? Je ne voyais rien qui me rassure, rien qui m’indiquait que j’étais et serai en sécurité dans ce si bel endroit.

Oui, j’admets, il semble gigantesque, oui certainement que ce doit être une vue magnifique, les couleurs, oui oui…bien sûr, je les crois volontiers, mais ce que je vois, c’est que je ne respirerai pas “normalement” durant tout ce temps, 1h, 2, 3? Je n’en sais rien… Comment réussir à affronter un lieu quand on ne sait même pas combien de temps ça va durer…

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Il était l’heure, les enfants venaient de se lever de leur sieste, tout frais, bien reposés, prêts à affronter le monde, eux. Et moi, je ne voulais qu’une chose, rester dans ce cocon qu’est cette petite maison auprès de gens en qui j’ai confiance. Christophe lève la tête, chausse ses tongs, ce qui signifie “Attention, départ imminent”.

Ira, ira pas. J’imaginais déjà mon homme soupirer de désolation, alternant entre quelques phrases d’encouragements et de consternation. Rien n’y fait, des années auprès de moi ne suffisent pas à lui expliquer. Il n’y a rien à expliquer, puisque tout est fondé sur des croyances irréelles, ou injustifiées. Il y a juste de la peur, cette boule au ventre permanente qui donne envie de vomir, cette tête qui s’alourdit au fil des minutes, et ces membres qui ne répondent plus. Accepterai-je de vivre cela ou bien renoncerai-je encore une fois? Mon for intérieur n’avait rien de bien fort, et me suppliait de rester au calme, alors que mon cerveau, la partie épargnée des peurs, me disait d’affronter, que j’étais en sécurité, avec ma famille…

 

J’aurai pu réfléchir longtemps entre mes deux options, mais finalement, ils sont partis si vite que j’ai à peine eu le temps de comprendre…Je me suis retrouvée là, comme d’habitude, entre regrets et déception le temps d’un café, et repartant dans une nouvelle activité plus sereine 5 minutes après.

 

Il y a bien longtemps que je ne culpabilise plus, le poids de la non-expérience fait déjà son taf, et je n’ai pas besoin d’en rajouter pour analyser la situation. Oui, ce fut encore une débâcle, mais l’ago fait partie de moi, ce voyage sera fait de bons moments et d’instants sans moi. Je le sais, et j’assume. Nous ne faisons décidément pas le même voyage que la plupart des gens… Le mien est plus intense puisqu’il nécessite des efforts mentaux, un dépassement de soi qui rend les visites réussies que plus belles. Je sais dorénavant oublier les moments de vide, ils sont vite relayés dans une petite case qui fait aussi partie de mon aventure. Composée de ces moments de fiasco, ils ne sont imprégnés d’aucun sentiment une fois classés. Ils sont juste là, puisque vécus, c’est tout. Je ne me rends aucunement plus mal que ce que le mal me fait au moment T.
Quand ils sont rentrés, ils étaient tellement émerveillés que finalement, j’étais aussi contente de ne pas avoir fait de crise devant eux, de ne pas les avoir freinés ni même inquiétés. Léna repère de plus en plus mes limites, mes peurs, me pose des questions. Je ne veux pas qu’elle se pose ces questions à savoir si mes peurs sont justifiées ou non:

“Si Maman a peur c’est qu’elle doit avoir raison”. Nos enfants croient nos actes comme des vérités: si elle me voit avoir peur régulièrement, elle se posera bien la question à savoir si elle aussi doit ou non avoir peur.

De ce fait, je trouve aussi très bien d’oublier un peu l’image de l’expérience géniale sans moi, puisque tel est le cas: cette expérience de château aura été pour eux superbe, puisque vécue à fond par eux trois, sans ombre au tableau. Et il en est très bien ainsi…
A très vite..

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